Docteur Claude (Vézina) Paradis

Dr Claude (Vézina) Paradis

Dr Claude (Vézina) Paradis, gériatre (1927-2020)

Claude (Vézina) Paradis, né le 24 octobre 1927 à Ste-Agnès de Donnacona, a été baptisé Joseph, Alfred, Claude Vézina. Fils de Pierre Vézina et Éléonore-Rose ‘’Germaine’’ Frenette, sa mère, accouchée par son beau-frère médecin, le Dr Paul Paradis, décéda quelques semaines plus tard des suites de l’accouchement. Sa sœur, Louisette Frenette de Cap Santé, et son époux, le Dr Paul Paradis, décident de prendre soin du bébé.

Claude (Vézina) Paradis entreprit ses études primaires à Saint-Louis de Gonzague comme pensionnaire, puis entame son cours classique au Petit Séminaire de Québec. C’est alors que son père adoptif devint militaire et trouva la mort le 11 février 1943, durant la Deuxième Guerre mondiale. Le jeune Claude devint orphelin de guerre, ce qui devait marquer son avenir et façonner ses opinions politiques. En particulier, le Gouvernement du Canada défrayait les études supérieures des orphelins de guerre; les anglophones avaient droit, en plus, au remboursement de leur « High School »tandis que les francophones n’avaient pas le droit au remboursement de leurs études classiques. Cette iniquité devait semer, dans les entrailles de l’étudiant, les premiers germes de la révolte anti-canadienne. C’est néanmoins à l’Université d’Ottawa, de 1943 à 1950, qu’il compléta son cours classique avant de poursuivre ses études de médecine à l’Université Laval (1950 à 1955) puis sa résidence à l’hôpital St-Sacrement de Québec. C’est le 20 septembre 1955 que Claude (Vézina) Paradis fait la demande de changer son nom de famille pour Paradis afin d’honorer la famille qui s’occupa de lui.

AVIS PUBLIC

Avis est par les présentes donné que Joseph Claude Vézina, médecin, de la cité et du district de Québec s’adressera à la Législature de la Province de Québec, à sa prochaine session, pour obtenir l’adoption d’une loi changeant son nom en celui de Joseph Claude Paradis. Québec, le 20 septembre 1955. Le Procureur du pétitionnaire, 40978-43-4-O MICHEL LEMIEUX.

Ensuite, il se perfectionna d’abord en médecine fondamentale à l’Université de Pennsylvanie (dont il défraya les coûts en s’engageant comme médecin officier à bord d’un brise-glace de la Garde Côtière pour quatre mois dans l’Arctique; ce travail lui valut d’ailleurs le titre de 2ième lieutenant de l’Armée canadienne.)(1956-1957). Puis, il prit une courte pause pour épouser Françoise (France) Gélinas (1937-2012) le 15 juin 1957 à Sillery. Celle-ci deviendra un support inestimable et une véritable complice dans ses actions ainsi qu’un phare de référence lors d’incertitudes (De ce mariage heureux, quatre enfants verront le jour: Anne, Hélène, Isabelle et Paul-François). Elle l’accompagna à Los Angeles lorsqu’il peaufina sa formation académique au St-Vincent Hospital de Los Angeles (où il ausculta entre autres, Marilyn Monroe) (1957-1958) puis à Boston (Lahey Clinic, 1958-1959) avant qu’il n’obtienne sa spécialisation en médecine interne en 1960.

Au début des années 1960, le Dr Paradis exerça au Jeffrey-Hale de Québec. C’est à cette époque qu’il commença à s’intéresser davantage à la gérontologie qu’à la gériatrie en s’impliquant dans la fondation de ’’La Champenoise’’ une des premières résidences pour personnes âgées de la région de Québec.*

Lorsqu’il accepta de relever le défi que lui avait présenté le Dr Morin, alors directeur du département de médecine interne au CHUL de former le premier service de gériatrie de la région, le Dr Paradis s’exila en Europe, pour un an en 1972, avec toute sa famille, pour se spécialiser en gériatrie : six mois à Paris, quatre en Angleterre et deux dans les pays nordiques. Il n’avait alors bénéficié, en tout et pour tout, que d’une bourse de 8000,00$ :« On a vendu la maison, ce qui nous a fait un peu plus d’argent pour partir en voyage. ». Au retour, riche d’expérience mais pauvre d’économie, le couple Paradis acheta avec son beau-frère une maison de quatre étages, rue du Petit-Champlain. Laquelle rue était en état de délabrement avancé et la maison n’avait coûté que 18000,00$. Chacun prit deux étages. Le beau-frère avait les deux étages inférieurs, avec entrée sur le boulevard Champlain; la famille Paradis, les deux étages supérieurs, avec entrée sur la rue du Petit-Champlain.

Si on parle beaucoup de virage ambulatoire depuis 1995, il faut savoir que le premier virage à s’être réalisé dans la région de Québec le fut au CHUL au profit des personnes âgées. C’est le Dr Paradis qui a été à la base du centre de jour et de l’hôpital de jour du CHUL, deux services offerts aux aînés. Tout comme il fut aussi un ardent défenseur des équipes ambulatoires de gériatrie et de psycho-gériatrie au début des années 1980.

« Je voulais empêcher les gens d’être hospitalisés. Il fallait diminuer le temps d’hospitalisation en comptant sur le soutien des centres de jours et les équipes ambulatoires. On a développé des consultations externes dans les centres hospitaliers de longue durée. Il fallait combattre aussi l’acharnement thérapeutique. Je crois que les gens âgés ont le droit de vivre et de mourir dans leur milieu. J’ai aidé à créer le centre Triquet pour les vétérans de la Deuxième guerre mondiale qui sont de moins en moins nombreux et de moins en moins autonomes. En 1987, on a fait des démarches pour faire reconnaître la gériatrie comme une spécialité. Les jeunes médecins doivent maintenant compléter une année supplémentaire en gériatrie s’ils veulent exercer leur profession dans cette spécialité. »

« Je ne suis pas un chercheur, je ne suis qu’un modeste clinicien qui s’est impliqué dans le développement de la gériatrie. Je pars, à la retraite, confiant que, très bientôt, les personnes âgées qui demeurent dans les régions éloignées pourront compter sur des équipes volantes de professionnels en gérontologie et en gériatrie qui seront en mesure de leur offrir, chez eux, à peu près les mêmes services que ceux offerts dans les grandes villes. »                                                                                                       

Depuis 1972, le Dr Paradis fut de toutes les batailles gériatriques ou gérontologiques qui se sont livrées au Québec. Arrivé à la fin de son cheminement professionnel, il partit confiant que le service de gériatrie qu’il avait mis sur pied au CHUL, devienne le département de gériatrie du CHU de Québec : « C’est comme dans l’armée : un colonel est plus important qu’un capitaine. Un département est aussi plus important qu’un service. Cela nous permet de mieux nous faire entendre, d’obtenir de meilleurs budgets, de meilleures subventions pour la recherche, etc. C’est toute la collectivité qui en profite. »

                  *« Dr Claude Paradis, 40 ans de médecine dont 25 ans de bataille en faveur de la gériatrie », P. Champagne, Le Soleil, 28 juillet 1996.

Autres réalisations du Dr Claude Paradis

Médecin de formation, il a aussi œuvré à la Clinique Roy-Rousseau (1955-1972) et fut consultant pour l’Hôpital de Baie-St-Paul (1964-1972), pour l’Université du Québec à Montréal (1974), pour le Conseil canadien de développement social (1974), pour le Centre hospitalier Jacques-Viger à Montréal (1974-1978), pour le Conseil régional de la santé et des services sociaux (1974-1983), pour le C.L.S.C. Arthur Caux de Lotbinière (1976), pour le Ministère des affaires sociales (1976-1978), pour le Ministère des Anciens Combattants (niveaux national et provincial) (1976-1986) et pour l’Hôpital de Ste-Anne-de-Beaupré (1991-1996). Véritable pionnier de la gériatrie au Québec, il a siégé sur plusieurs comités et conseils d’administration: comité gériatrique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS-ONU), conseil d’administration de la Chaire de gériatrie de la Faculté de médecine (U. Laval), comité scientifique de l’Association Canadienne de Gérontologie et comité de gériatrie du Ministère de la Santé et du Bien-être social (Canada), pour n’en nommer que quelques-uns. En outre, il fut aussi cofondateur de la Société Québécoise de gérontologie, cofondateur Des Jardins Jean-Bosco, cofondateur de l’Association Internationale Francophone des Ainés, initiateur de la Maison Paul Triquet et cofondateur de la Coopérative de solidarité pour personnes âgées de la Côte de Beaupré. Il fut le premier récipiendaire du Prix Reconnaissance de la Société Québécoise de gériatrie.

Texte écrit par son fils: Paul-François Paradis, 2021.

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