Jean-P Vézina (1939 – )

JEAN-P VÉZINA

Jean-P Vezina


 

La vie active de nos ministres québécois nous est connue par leurs interventions à l’Assemblée nationale, alors que celle des hauts-fonctionnaires, qui soutiennent leurs actions, l’est beaucoup moins. Ces derniers vivent dans l’ombre des ministères, et l’image que le public se fait d’eux, autant que les clichés qui en ressortent, est souvent celle de fonctionnaires grassement payés pour un travail peu productif.

Cette courte biographie de Jean-P Vézina jette un peu de lumière sur la vie parfois très exigeante de ces hommes et de ces femmes, qui permettent aux organismes gouvernementaux de jouer le rôle pour lequel ils ont été créés.

 

« Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un respect profond pour le passé » Ernest Renand, La Réforme intellectuelle et morale.

 

Né à Lévis, le 14 juin 1939, Jean-P Vézina est le fils de Sylvio Vézina et Sylvine Durand. Son père a fait ses études à l’Académie de Québec et il est comptable. Sa mère a été élevée dans un milieu d’affaires, puisque son père est propriétaire d’une entreprise à Lévis. Doué pour l’écriture, un orienteur professionnel recommande, en 1957, à Jean-P de se diriger vers la faculté des Lettres. Influencé par son milieu familial, il choisit plutôt une carrière dans le monde économique et industriel.

 

INDUSTRIE ET COMMERCE

Bardé de deux maîtrises, l’une en sciences commerciales, gestion des entreprises (1962) et l’autre en sciences économiques (1965) et diplômé de l’École Nationale d’Administration de Paris (1967), il occupe pendant dix ans diverses fonctions au Miistère de l’Industrie et du Commerce du Québec, dont celles de directeur des Études conjoncturelles et de directeur général de la Recherche et Planification. Il initie alors les travaux visant à doter le Québec de Comptes Nationaux. Il recommande, en 1970, à Robert Bourassa, qui vient d’être élu Premier ministre, la mise sur pied de la Société de Développement Intustriel, qui verra le jour la même année, et qui deviendra, en 1998, «Investissements Québec».

 

PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

On le trouve, en 1974, professeur à l’Université de Montréal, École des HEC. Il enseigne la conjoncture et la macro-économie aux étudiants du MBA et du BAC. En 1975 il publie avec Pierre Fréchette «L’économie du Québec». Ce volume sera réédité quatre fois. Il servira durant plus de vingt ans à l’enseignement collégial et universitaire et sera le document de référence pour les élus de l’Assemblée Nationale.

 

DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET COMMERCE EXTÉRIEUR

En septembre 1977, le Premier ministre, René Lévesque, lui demande d’élaborer et de coordonner un programme de création d’emplois (Opération Solidarité Économique, OSE) et de prendre en charge le secrétariat du Comité des Priorités. Quatre mois plus tard, il est nommé sous-ministre de Bernard Landry au Développement économique. Il initie, participe, donne son avis et prépare des analyses sur tous les dossiers économiques qui émergent au Conseil exécutif. Avec une petite équipe de cadres aguerris, il élabore les grandes politiques économiques du Québec dont les pièces maîtresses sont: Bâtir le Québec, 1979, et Le Virage technologique 1982. Il est chargé, en octobre 1982, de mettre en place un nouveau ministère, soit celui du Commerce extérieur, et en devient le sous-ministre.

 

SOCIÉTÉ DE L’ASSURANCE AUTOMOBILE

En octobre 1983, au moment où il s’apprête à joindre l’entreprise privée, Monsieur René Lévesque lui propose le poste de pdg de la Société de l’Assurance Automobile (SAAQ), qui traverse une période difficile. Il accepte, et cette décision marquera une étape charnière dans sa carrière. Il ne retournera jamais dans la fonction publique, malgré de nombreuses offres pour diriger différents ministères. Pendant vingt ans, jusqu’à sa retraite, il s’engagera par contrat à administrer, à titre de PDG, des Sociétés d’État qui connaissent des difficultés et ont besoin d’être réorganisées.

Avec l’arrivée de Jean-P Vézina à la direction, les objectifs prioritaires de la SAAQ deviennent: l’amélioration du bilan routier et la réadaptation des accidentés de la route. Les lois du Code de la Sécurité routière et de l’Assurance Automobile sont revues pour les rendre plus performantes. Tous les intervenants sont mis à contribution, dans des campagnes agressives de promotion de la sécurité routière (alcool et port des ceintures). Le bilan routier s’améliore et la gravité des blessures diminue. Le déficit de la réserve actuarielle est épongé et se transforme en surplus, qui atteint près de 4 milliards de $ en 1992, alors que les indemnités ont substantiellement été augmentées et les contributions des automobilistes diminuées.

Il construit, en 1990 et 1991, le siège social de la SAAQ, un projet très innovateur, tant sur le plan du mode et de la méthode de réalisation que de la technologie, de l’écologie, de l’aménagement et des services offerts. Il préside le Comité de construction qui joue le rôle d’entrepreneur général. Les méthodes utilisées permettent de sauver quinze mois, de respecter le budget et de livrer un très beau bâtiment des plus fonctionnel. Ces succès financiers et techniques reçoivent un concert d’éloges.

 

SOCIÉTÉ DES ÉTABLISSEMENTS DE PLEIN-AIR DU QUÉBEC (SÉPAQ)

Quelques semaines après l’inauguration du siège social de la SAAQ, le Premier ministre, Robert Bourassa, lui demande de diriger la SÉPAQ afin de réaliser la mise en valeur du Parc de la Chute Montmorency, qui traîne depuis vingt ou vingt-cinq ans. Pour la ènième fois, un projet vient d’avorter et le PDG a été remercié. Il s’acquitte de sa tâche en un temps record même s’il doit, par suite d’un incendie, reconstruire le Manoir Montmorency. Les travaux terminés, il réclame et s’occupe des démarches visant la reconnaissance du statut de Site historique pour l’ensemble du Parc de la Chute Montmorency. Cette décision permet de placer, sous la protection du Parc de la Chute, les deux Maisons Vézina, qui sont alors reconnues comme biens culturels.

Il ajoute à son actif, à la même époque, la reconstruction du Gîte du Mont-Albert et la rénovation du Fort Prével en Gaspésie. En outre, il convainc le Gouvernement du Québec de transférer la gestion des Réserves fauniques à la SÉPAQ et signe, le 24 mars 1995, avec le Ministère de l’Environnement et de la Faune, un contrat officialisant ce transfert. Les Parcs Nationaux suivront quelques mois plus tard. Ces territoires et équipements constituent des joyaux inestimables de notre patrimoine et de grands attraits touristiques, qui pourront ainsi être mieux mis en valeur.

 

SOCIÉTÉ IMMOBILIÈRE DU QUÉBEC (SIQ)

Il assume, à compter de mars 1995, la direction de la Société Immobilière du Québec. Il a le mandat de réorganiser totalement cette entreprise et, de façon très urgente, de trouver les moyens de parachever la construction du Centre des Congrès de Québec, en comblant les retards accumulés de plusieurs semaines et en instaurant une gestion plus saine et plus productive, afin de stopper la flambée des coûts qui sont passés de 85 à 134 millions de dollars.
Le Centre des Congrès de Québec sera livré et inauguré en août 1996, presque deux mois avant l’échéance, et les coûts ont été ramenés à 111 millions de $ .

Sa mission à la SIQ est, cependant loin d’être terminée. La gestion de cette entreprise est lourdement hypothéquée. Dès la première année, il restructure la SIQ et ramène le nombre de «cadres» de 83 à 39 et l’effectif total de 1,000 à 630 employés. Les dépenses administratives sont réduites de plus de 30%. Trois ans plus tard, en 1998, la situation de la SIQ n’est plus du tout la même. La facture immobilière du Gouvernement a déjà été réduite de l’ordre de 350 millions de $. La SIQ est alors reconnue comme une entreprise bien rodée, productive, tournée vers sa clientèle et possédant un savoir-faire remarquable.

De 1998 à 2002, la SIQ accroît considérablement ses activités; son carnet de commandes dépasse les 500 projets et le milliard de dollars. Jamais auparavant les réalisations confiées à la SIQ n’auront été si nombreuses, si importantes, si diversifiées: Centre des Congrès de Montréal, Centre de Services Judiciaires Gouin, École Nationale de police du Québec, appartements de fonction du Premier Ministre, Maison du Gouvernement, Conseil exécutif et nouvelle salle du Conseil des ministres, etc….L’entreprise continue néanmoins à baisser ses coûts. Les gains de productivité dépassent tous les objectifs. Ils s’expliquent par un personnel beaucoup mieux formé et plus motivé, un travail d’équipe à tous les niveaux, des processus bien établis et plus performants et l’introduction et le respect de la certification ISO 9001.

 

UNE RÉPUTATION D’EFFICACITÉ ET DE RIGUEUR

La réputation de Jean-P Vézina en sauvetage et réalisation de projets et en gestion d’entreprises n’est plus à faire, et il est, maintes fois sollicité pour prendre en mains de nouveaux mandats. Ainsi, en octobre 1997, à la demande du Premier ministre Lucien Bouchard, Jean-P Vézina aura comme tâche, tout en continuant d’assumer la direction de la SIQ, de remettre sur les rails la Société chargée de la gestion du Centre des Congrès de QUÉBEC (SCCQ). Il agit à titre de PDG et Président du Conseil et il a mandat de prendre toutes les mesures qu’il jugera nécessaires pour relancer l’entreprise et refaire les ponts avec les intervenants.

 

UN HOMME ENGAGÉ ET RECONNU

Ses servives sont aussi recherchés dans le monde universitaire. Non seulement il a enseigné à temps plein quelques années, mais aussi à temps partiel une bonne partie de sa carrière. Il est également membre de différents comités universitaires, et, notamment, du Conseil d’orientation de la Faculté d’Administration de Laval. On lui confie, au début de 1996, le dossier d’agrandissement de l’immeuble de la Faculté, dont on parle depuis vingt ans. En quelques mois, il obtient, à la surprise générale, l’aval de tous les intervenants. La cérémonie de la première pelletée de terre aura lieu le 8 juin de la même année. Il co-préside, en 1998, la campagne Centraide de la grande région de Québec. Il est aussi intéressé par les arts. Il est un amateur de théâtre et un collectionneur d’oeuvres d’art. Connaissant ses qualités de communicateur et son intérêt pour la peinture, il est même invité à présider en 1998 le vernissage d’une exposition des oeuvres de Riopelle intitulée «Les Riopelle de Riopelle».

La Faculté des Sciences sociales de l’Université Laval lui décerne en 1995, la «Médaille Georges-Henri Lévesque» pour son rayonnement et sa contribution à l’avancement de la société. Quelques années plus tard, en 1998, il se voit décerner le «Prix Hermès de Carrière» de la Faculté des Sciences de l’Administration, reconnaissant et honorant ainsi sa contribution au progès de la société dans le domaine de l’administration, tant sur le plan professionnel que social et universitaire. Il a donc reçu l’hommage des deux facultés dont il est diplômé. Il est, lui dit-on, le premier à réussir un «doublé».

 

LA RETRAITE

Jean-P a pris sa retraite en 2002, après 38 ans de carrière. Il demeure cependant très actif et est toujours intéressé par les défis administratifs et économiques de développement et par les projets immobiliers. Ces dernières années, à titre de consultant et de conseiller, il a fait bénéficier de son expérience et de ses connaissances nombre d’organismes, notamment les villes de Montréal, de Québec et de Sherbrooke. Par ailleurs, déjà grand voyageur, il a poursuivi la visite de la planète.

Jean-P, au cours des quarante dernières années, a réuni énormément d’informations concernant la venue et l’enracinement de Jacques Vezinat, de Marie Boisdon et de leurs cinq enfants en Nouvelle-France. Il a remis, le 1er janvier 2008, année du 400è anniversaire de la fondation de Québec, un exemplaire, à chacun de ses trois enfants et cinq petits-enfants, d’un document racontant les générations qui les ont précédés. Il confie que ce travail de «mémoire» lui a apporté un énorme sentiment de fierté et d’admiration face aux exploits et exemples de courage, de détermination et de créativité, réalisés et démontrés par nos ancêtres.

Gérard Vézina #001
Québec, 5 janvier 2009

 

N.B.: Jean-P Vézina et Gérard Vézina sont de la descendance d’Olivier Vézina (Île-aux-Grues), pilote sur le Saint-Laurent (1831), il est leur arrière-arrière grand-père.

 

Généalogie de JEAN-P VÉZINA

1ère -Jacques Vezinat et Marie Boisdon
2è – François Vezinat, le puîné, marié à Marie Clément, le 10 avril 1679
3è – Pierre Vézina marié à Élisabeth Mathieu, le 22 février 1710
4è – Jean-Baptiste Vézina marié à Geneviève Trudelle, le 31 janvier 1757
5è – Pierre Vézina marié à Élisabeth Bourgault, le 10 juillet 1797
6è – Olivier (Oliva) Vézina marié à Sophie Lemieux, le 24 novembre 1835
7è – Octave-Fénélon (Fénélon) marié à Célina Painchaud, le 31 janvier 1865
8è – Joseph-Fénélon marié à Ismérie Poisson, le 20 juillet 1908
9è – Sylvio Vézina marié à Sylvine Durand, le 4 mai 1936
10è – Jean-P Vézina marié à Nicole Veilleux, le 15 août 1964