JULIEN VÉZINA
Père des Missions Étrangères (p.m.é.)
Hommage à un héros de mon enfance
Julien Vézina, fils d’Ernest (Joseph) Vézina et de Rosa Gagné, naît le 21 avril 1913, dans la paroisse de « Ste-Brigide » de la Ville de Montréal. Il est ordonné prêtre le 29 juin 1941, au Séminaire des Missions-Étrangères de Pont-Viau, par Mgr Joseph Charbonneau.
Dès novembre 1941, il se rend à Mati aux Philippines, pour y occuper le poste de vicaire. La guerre gronde aussi dans cette partie du monde. Julien a à peine le temps de se familiariser avec ses nouvelles tâches et de parfaire sa connaissance du Plilippino et de quelques dialectes, que les Japonais envahissent et occupent tout l’Archipel de l’Insulinde.
Les religieux sont mis sous arrêt et internés dans des camps de concentration. Commence alors une lutte de tous les jours, de tous les instants, pour survivre.
Les envahisseurs se rendent coupables des pires atrocités envers la population, ce qui provoquera une vive résistance à travers tout le pays. Quant aux prisonniers des camps de concentration, ils n’ont rien à manger et subissent les sévices de leurs gardiens. Certains, notamment la quasi totalité des religieux, trouvent la mort après de longues tortures qui servent de divertissements aux geôliers.
Julien sait ce qu’il l’attend mais consacre, malgré tout, toute son énergie à organiser la survie. Il réussira pendant quatre longues années à passer à travers ce régime de terreur et sera libéré par les Américains en 1945. À son retour au pays, il évitera de raconter ses années d’horreur et ne prononcera jamais un mot de vengeance à l’endroit de ses bourreaux.
Après un long et interminable silence, passé dans la crainte de ne jamais le revoir, c’est un Julien enjoué et hyperactif que les amis et les parents retrouvent en 1945. Il vit hors du temps, hors des conventions, il est heureux et sa joie irradie tous les gens qu’ils côtoient. Dans une automobile prêtée par un ami de Montréal, il arrive en pleine nuit, en jouant un air connu, au moyen de trois ou quatre notes installées sur le klaxon de son bolide, réveille la maisonnée et le voisinage, se met à quatre pattes dans la cuisine et joue avec les enfants et leurs propose une courte balade en auto (nous sommes en 1945, un tour de «char», c’est tout un cadeau), avant de retourner au lit. Il devient l’oncle de tous les gamins et le héros des grands comme des petits.
Les membres de la famille apprendront avec le temps quel rôle Julien a joué au sein de son camp de prisonniers. Trois éléments de sa personnalité ont servi, semble-t-il, à sauver sa vie et celle d’un bon nombre de prisonniers. Rapidement, il se débrouille en Japonais. Son don des langues lui permet de servir d’interprète, mais surtout d’entrer en communication et de s’occuper des enfants des Japonais. Il ne répond jamais à la violence par la violence mais reste bon et tourné vers les besoins des autres, même ses tortionnaires. Enfin, il est casse-cou et n’hésite pas à trouver les moyens les plus invraisemblables pour manger, y compris, raconte-t-on, l’organisation du rapt d’un cheval, qui est dépecé et mangé en une nuit. Les Japonais, n’ayant trouvé aucun reste, croient que l’animal s’est enfui.
Ces traits de caractère l’accompagneront dans toute son œuvre apostolique. Dès 1945, après quelques mois passés au Québec pour refaire ses forces et visiter la parenté à Montréal, Lévis, l’Île-aux-Grues, il repart comme vicaire à Jaruco, Cuba. Il devra apprendre une nouvelle langue et de nouveaux dialectes. Ce sera le début d’un séjour de 11 ans. Il sera vicaire à Santa Cruz, puis à Los Arabos avant de devenir curé de Los Ramos pendant six ans. Partout il s’occupe de visiter les pauvres et de trouver les moyens de soulager leurs misères. Il s’implique auprès des jeunes et organise les loisirs. Il visite les nombreux hameaux qui entourent Los Ramos à cheval ou, quand les sentiers sont secs, en moto et transmet la joie de vivre, l’espoir et le réconfort.
Au début de 1957, on le retrouve au Honduras, pays de montagnes et de forêts, au climat tropical. Il est d’abord vicaire à Guadalupe puis curé à Orocuina, Choluteca. « Dans les fréquents voyages qu’exige mon ministère auprès des Indiens, je parcours, écrit-il, les montagnes à dos de mule, à des hauteurs qui, la première fois, donnent le vertige. Ici, pour un missionnaire, une bonne mule, c’est aussi important qu’une auto pour un commis voyageur…. ». Il a ainsi parcouru des milliers de kilomètres à dos de mule pour venir en aide et apporter de l’espoir à des populations parmi les plus misérables de la terre.
Il souffre de maux de dos chroniques, il est atteint de paludisme (malaria), il est épuisé. Ses supérieurs lui ordonnent de rentrer au pays. Il est de retour en 1965. Il est affecté par de violentes crises de malaria. Cette maladie est incurable et il ne s’en remettra jamais. Il passera tout de même les dernières années de sa vie à participer aux tâches de différents ministères. Il décède le 14 février 1983, jour de la Saint-Valentin, la fête de l’amour.
Julien Vézina n’est pas très connu au Québec et cette courte biographie ne lui rend pas justice. Padre Julian a laissé toutefois un souvenir impérissable à tous les humains qu’il a servis, au point que ceux-ci lui ont rendu hommage en donnant son nom à toutes sortes d’ouvrages, même des routes. Quant aux missionnaires avec qui il a travaillés, ils peuvent pendant des heures vous raconter ses exploits, vous parler de sa bonté, de son courage, de son engagement particulièrement envers les pauvres et les jeunes. « À ce prêtre humble et bon, il semble bien que Dieu a suffi pour le combler ». C’est ainsi que le père Jacques Desparts, p.m.é. termine son homélie lors des funérailles de Julien, le 17 février 1983.
Jean-P Vézina # 114
N.B.: Jean-P Vézina est l’arrière petit-cousin de Julien Vézina.
Le lien entre Julien Vézina et l’auteur (Jean-P Vézina) :
Julien et Sylvio Vézina (père de Jean-Paul) sont petits-cousins du côté de leurs mères qui sont deux soeurs Painchaud mariées à deux Vézina de lignées différentes.
Lignée de Julien Vézina
1ère – Jacques Vezinat et Marie Boisdon |
2è – François Vezinat, le puîné, marié à Marie Clément, le 10 avril 1679 |
3è – Pierre Vézina marié à Élisabeth Mathieu, le 22 février 1710 |
4è – Jean-Baptiste Vézina marié à Geneviève Trudelle, le 31 janvier 1757 |
5è – Jean-Baptiste Vézina marié à Euphrosime Bourgault, le 6 juillet 1784 |
6è – Antoine Vézina marié à Césarie Jacques, le 9 septembre 1827 |
7è – Calixte Vézina marié à Eugénie Painchaud, le 20-11-1855, sœur de Célina mariée Fénélon Vézina, le 31 janvier 1865 et sœur de Ezilda, mariée à Cajetan Vézina, le 10 septembre 1866 |
8è – Joseph (Ernest) Vézina marié à Montréal à Rosa Gagné en 1906 |
9è – Julien Vézina, p.m.é, né le 21 avril 1913 à Montréal |