Émile Vézina (1876 – 1942)

ÉMILE VÉZINA
(1876 – 1942)

Emile Vezina peintre et portraitiste_2

Émile Vézina à 22 ans

La réputation du peintre Émile Vézina repose surtout sur la qualité de ses portraits dont certains sont conservés aux Archives nationales du Canada, au Centre de civilisation canadienne française de l’Université d’Ottawa, à l’École polytechnique de Montréal, à l’Hôtel du Parlement de Québec et dans la famille (1).

Une première biographie publiée dès 1945 par Albert Laberge (2) a mis en place les principaux jalons de sa vie : naissance au Cap Saint-Ignace, études à l’Art Institute de Chicago, illustrateur pour plusieurs publications, caricaturiste, voyageur en Europe, héritier, propriétaire d’immeubles, ruiné, récipiendaire d’un premier prix canadien de poésie et auteur de plusieurs portraits de personnages importants.

Les auteurs qui ont parlé de lui par la suite n’ajoutent que peu de chose à sa biographie. Bien que ne portant que sur les poésies d’É. Vézina et presque muet à propos de sa biographie, la thèse de Philippe Perreault, Émile Vézina, L’homme et l’œuvre présentée à l’Université de Montréal en 1956 demeure le travail le plus fiable après celui de Laberge.

Émile Vézina, né le 9 janvier 1876, cousin de mon père Joseph, est fils d’Étienne Vézina, charron et forgeron et de Mathilde Fraser, institutrice. Tous les documents le disant charron sauf un où il est dit forgeron, il n’y a pas de raison de le dire, comme certains auteurs, charpentier et même charpentier-menuisier. Comme le tonnelier des 17ème et 18ème siècles, le charron est au 19ème siècle, un ouvrier essentiel puisque les voitures automobiles n’existent pas encore. Tous les véhicules sont alors fabriqués par les charrons, ouvriers spécialisés habiles au travail avec bois et métal puisque plusieurs parties importantes des voitures sont en métal. C’est notamment le cas du moyeu, de l’essieu et de la jante des roues. Charron et forgeron sont les métiers spécialisés de l’époque comme l’électricien, le plombier et l’informaticien de nos jours. Il est probable que ce travail ait permis au père d’É. Vézina d’accumuler des biens plus considérables que la plupart des cultivateurs.

Emile autoportrait vers 1911

Autoportrait d’Émile Vézina vers 1911

Ses études en art sont liées à l’émigration vers la région de Chicago notamment les villes de Bourbonnais et Kankakee où se trouvaient des familles de L’Islet, de Cap Saint-Ignace et deux membres de ma famille immédiate. Son oncle, le docteur Jules Fraser (décédé en 1909) aurait invité le jeune homme à venir suivre des cours à l’Art Institute de Chicago. Il y serait resté pendant trois ans. Fondé par le trappeur-chasseur, François Bourbonnais, le village était devenu vers 1850, le plus grand village agricole canadien français de l’Illinois. Le 8 décembre 1893, année de la World Columbian Exhibition, le nouvel édifice de l’Académie fut inauguré avec éclat. Émile Vézina aurait donc fréquenté Chicago durant cet événement, suivi les cours d’art, profité des expositions et des pièces de théâtre, ainsi que noué une idylle avec l’énigmatique Élisabeth T à qui il a dédié un beau poème, Le Glas, à la fin de sa vie :

Le temps n’est plus où la jeunesse
En nous rêvait, chantait sans cesse,
L’âge, le deuil et la raison
Ont fait taire toute chanson.
Ce temps de bonheur indicible
Où vibre toute âme sensible
Et que bien jeune, je sentis,
L’ai-je pourtant assez compris ?
Malgré l’absence et la mort même,
Oui, ce clair ce divin poème
Qu’on n’écrit pas, mais que l’on vit,
Reste gravé dans mon esprit.
Mais la douleur tuant la joie,
A fait de nos âmes sa proie
Et dévore, tel un vautour,
Notre jeunesse et notre amour.
Pourtant, je la sens bien vivante
Et qui me parle et qui m’enchante,
Ainsi qu’aux beaux jours d’autrefois
Quand nous mêlions nos vœux, nos voix.

 

Après environ 5 ans de travail à Montréal, Émile Vézina se rend en Europe pour un séjour de plus d’une année en 1906-1907, aventure qu’il répétera en 1911. Pendant ses premières années de travail professionnel, il publie des dessins et des poèmes dans le quotidien Le Journal, La Patrie et Le Nationaliste. En 1903, il expose 24 œuvres à l’Art Association Gallery, et, en 1904, aménage un atelier sur la rue Notre-Dame Est, dans une maison entièrement occupée par des artistes tels Edmond-Joseph Massicotte et le dessinateur Albert Ferland. Assez grand pour recevoir plusieurs collègues, l’atelier Vézina deviendra par la suite le lieu de rencontre des artistes de l’Arche. Au cours de ce premier voyage, il aurait visité surtout la France et la Suisse alors que son second voyage le mènera non seulement en Europe (Paris, Marseille, Naples, Athènes) mais aussi en Afrique, notamment en Égypte et en Tunisie. Dans La mort des siècles, long poème nostalgique dans lequel il parle de l’Égypte, de la Tunisie, de la Grèce, de l’Italie et de la France, il écrit :

J’ai parcouru le monde, avide de savoir
Quels secrets fabuleux, quels antiques mystères,
Gardent, sous leurs débris et sous leur passé noir,
Tant de vieux monuments, sur de si vieilles terres !

Emile Vezina en Tunisie, 1912

Émile Vézina en 1912 lors d’un voyage en Tunisie

Il revient avec plusieurs poèmes, des pastels et des dessins à la mine de plomb, technique qu’il affectionne.
Comment a-t-il financé des voyages aussi longs ? Ses premiers biographes ont suggéré des héritages sans se donner la peine de comparer les dates. Selon eux, le premier voyage aurait été facilité par un héritage de sa mère. Or sa mère, née le 20 septmbre 1832 (ou 1833), est décédée le 25 septembre 1891, soit 14 ans plus tôt. Par ailleurs, son frère Arthur est mort à 19 ans, en 1893, donc 13 ans avant le départ d’Émile pour l’Europe. Et pourquoi entrerait-il en possession de l’héritage à 30 ans ? Quelle est l’importance de cet héritage ? Y a-t-il une part de l’héritage pour le mari ? Seul un testament permettrait de répondre à ces questions. Cette hypothèse d’un héritage maternel qui lui serait versé, à 30 ans, environ 14 ans après la mort de sa mère, nous semble une hypothèse peu vraisemblable.

La question du financement du second voyage a été soulevée par Albert Laberge qui affirme «Vézina devint presque riche du jour au lendemain. Son brave homme de père mourut, lui laissant en héritage une petite fortune de $16 000 à $17 000 qu’il avait amassée à force de travail et d’économie. La première chose que s’offrit Vézina fut un beau voyage en Europe, en Asie et en Afrique […] (3)». Or, son père ne mourra que le 23 août 1913 ! Il faut se rappeler qu’Albert Laberge écrit la biographie d’Émile Vézina 34 ans après le départ pour l’Europe et que, d’autre part, cet auteur n’est pas historien. Un héritage fournit une explication plausible au financement du voyage sauf que, nous le savons maintenant, son père mourra seulement après son retour. Il est cependant possible, bien que non prouvé, que son père ait fourni une certaine somme pour le second voyage.

On le dit propriétaire de deux maisons et même d’une galerie d’art, L’Art National, sur la rue Saint-Denis. Si son héritage fut effectivement de $16 000 ou $17 000, il s’agissait d’une petite fortune. Mentionnons qu’une voiture Ford T coûtait 850$ en 1908 et environ 300$ en 1924 à cause notamment des performances des chaînes de montage. Il faudrait aussi connaître le prix des maisons, à Montréal, vers 1913, afin de parler avec certitude. Pour le moment, nous pouvons affirmer, à titre comparatif, qu’en 1970, il était possible d’acheter, à Ste-Foy, à proximité de l’Université Laval de Québec, une confortable maison avec un terrain, pour la somme justement de $16 000. L’achat de deux maisons, assorties d’hypothèques, pouvait donc se faire, à l’époque d’Émile Vézina, pour une somme compatible avec son héritage. Ses biographes affirment que la Guerre a provoqué sa ruine alors que la Grande Dépression semble plutôt devoir être évoquée.

Si nous retenons comme fortement plausible l’hypothèse de difficultés financières causées par la Dépression de 1929, nous pouvons dire que sa situation s’est détériorée alors qu’il entrait dans sa 53ème année et pendant les dix années suivantes tout comme ce fut le cas de beaucoup d’Américains et d’autres Canadiens. Le Canada a connu la plus grave dépression de tous les pays après les États-Unis. Dès 1932, la production industrielle est tombée à 58% de ce qu’elle était en 1929. En 1933, environ 30% des travailleurs sont en chômage et 20% de la population compte sur l’aide financière des Gouvernements. Les citadins, souvent pris au dépourvu plus que les familles de la campagne, n’avaient plus d’argent pour nourrir leur famille. Un grand nombre, ne pouvant plus payer leur loyer habituel, se réfugiaient dans des logements plus petits ou quittaient carrément la ville. Il ne serait donc pas surprenant qu’É. Vézina ait été obligé de se départir de ses maisons.

Bien que le catalogue des œuvres de l’artiste n’ait pas encore été fait, nous savons qu’il a publié beaucoup de dessins et de caricatures notamment dans Je dis tout, La bombe et Le Nationaliste. Il a même publié un album, sous couverture en couleur, où apparaissent ses meilleures œuvres d’illustrateur : L’Éclat de rire. Au moins un article publié dans Le Devoir du 12 décembre 1916, montre ses activités de critique d’art à l’occasion d’une exposition des oeuvres d’Ozias Leduc. Son activité de sculpteur reste totalement inconnue. Ses peintures religieuses et ses compositions inspirées de Shakespeare n’ont rien d’exceptionnel. Par contre son talent s’épanouit dans ses portraits : premier ministre Wilfrid Laurier, sénateurs Raoul Dandurand et Lawrence Alexander Wilson, écrivain Joseph-Arthur Legault ainsi qu’Henri Bourassa, fils de l’artiste Napoléon Bourassa et fondateur du journal Le Devoir. Parmi les portraits de famille, celui de Joseph Vézina, mon père, demeure le plus impressionnant. Il faut mentionner la commande importante de portraits reçue, probablement en 1926, de l’École Polytechnique de Montréal et celle, reçue du Gouvernement du Québec, vers 1930 pour le portrait d’un président de l’Assemblée nationale.

Joseph Vezina (pere de Raymond)Portrait de Joseph Vézina,
père de l’auteur (Raymond Vézina) fait par son cousin Émile

L’École Polytechnique, institution fondée en 1873, d’abord appelée École des sciences appliquées aux arts et à l’industrie ou Institut des arts appliqués, a constamment développé de nouvelles technologies en vue d’améliorer les industries et la société en général. Vers 1926, l’École polytechnique prenait la décision de perpétuer la mémoire de ses membres les plus importants sous forme de portraits. Émile Vézina reçut la commande de trois grands portraits : Charles Pfister, Émile Balète et Joseph Haynes. Le portrait d’Émile Balète, préside à la Galerie des directeurs qui occupe tout un mur de l’Atrium Lorne Trottier dans le Pavillon Lassonde.
Ces trois portraits démontrent clairement l’habileté d’Émile Vézina portraitiste. Les trois portraits sont non seulement ressemblants mais chacun des personnages est animé d’une intense vivacité.

Charles Pfister

portrait de Charles Pfister par Émile Vézina

Emile Balete

portrait d’Émile Balète par Émile Vézina

Joseph Haynes

portrait de Joseph Haynes par Émile Vézina

 

Entre 1930 et 1935, Émile Vézina obtient une autre commande prestigieuse. Elle vient cette fois du Gouvernement du Québec : le portrait de Télesphore-Damien Bouchard (1881-1962), président de l’Assemblée nationale du Québec (5) . Émile Vézina est ainsi le huitième peintre à recevoir cet honneur. (6) J.P. Lemieux viendra plus tard, vers 1976.

Vers 1934-1935, il a réalisé de grands tableaux religieux pour l’église Saint-Alphonse-d’Youville, boulevard Crémazie, face au boulevard Métropolitain. Érigée vers 1910, la paroisse fut l’une des plus importantes de Montréal comptant 12 141 personnes en 1930. Le Père rédemptoriste, Émile Journault (1886-1961), cousin germain, lui aurait donné cette commande. Le Père Émile Journault (7) fut curé de la paroisse Saint-Alphonse-d’Youville pendant plusieurs années à partir de 1927. Je n’ai pu voir les peintures puisqu’elles ont été recouvertes par d’autres œuvres.

Bien qu’indépendant des groupes littéraires alors actifs, il écrivait régulièrement, ce qui l’a mené au Prix Willingdon. Dès 1920, il figure dans l’Anthologie des poètes canadiens-français de Jules Fournier et Olivar Asselin. Il entretient des liens avec la Société des Poètes de Québec qui publient Le Jardin des muses canadiennes. Il collabora avec le Matin de Roger Mailler et avec La Revue moderne. Les 34 poèmes publiés dans la thèse de P. Perreault révèlent ses thèmes et ses émotions. En 1931, Lord Willingdon (1866-1946), Gouverneur du Canada, avait organisé un concours pour stimuler la vie intellectuelle canadienne. Deux cents vingt-sept personnes ont participé dans la section littérature qui comptait deux sous-sections, la prose et la poésie, en anglais et en français. Le premier prix de poésie fut accordé à Émile Vézina pour quatre sonnets intitulés : Sphinx, Parthénon, Mortel amour et Tendresse infinie. Émile Vézina est alors âgé de 55 ans et la Grande Dépression amène une détérioration continue de la situation économique ce qui annule en quelque sorte toute possibilité de profiter de ce premier prix national de littérature pour de nouvelles réalisations dans le domaine littéraire.

Vers 1940, il reçut une commande de l’hôpital Notre-Dame-de-la Merci qui mit à sa disposition un bel atelier où il pouvait travailler à son aise. P. Perreault, témoin oculaire, dit que le travail lui pesait de plus en plus. Tirée de La mort des siècles, la strophe suivante traduit bien ses émotions :

Si la vie ici-bas, n’engendre que la mort,
Hélas ! Pourquoi la vie et pourquoi la souffrance ?
Pourquoi tout ce labeur, lorsqu’enfin tout effort
Doit sombrer à jamais dans la désespérance ?

 

Sa santé s’étant détériorée, il mourut le 13 juillet 1942, âgé de soixante six ans.
Comme l’artiste Napoléon Bourassa qui avait consacré une grande partie de ses énergies au domaine littéraire et épistolaire, Émile Vézina a consacré beaucoup de temps à la littérature. Malgré des strophes inspirées, et malgré le premier prix national de poésie de 1931, force est de convenir qu’il ne fut pas un poète éminent.

Emile photo vers 1924

Émile Vézina (photo vers 1924)

Par contre, Émile Vézina portraitiste et son travail d’illustrateur ainsi que de caricaturiste méritent une étude détaillée. Il faut dire que le portrait était considéré comme un genre mineur surtout depuis que la photographie séduisait les personnalités désireuses de se faire remarquer par leurs électeurs, leurs collègues ecclésiastiques ou les fidèles de leur paroisse. Antoine Plamondon – actif surtout de 1830 à 1860 – avait pu vivre du portrait et des grandes compositions religieuses. Théophile Hamel vécut confortablement en faisant des portraits de l’élite politique, ecclésiastique et civile de 1846 à 1870. Par contre, déjà, le peintre Napoléon Bourassa – peintre actif surtout de 1856 à 1890, l’architecture l’occupera par la suite – trouvait difficilement des commandes puisque le clergé avait déjà décoré la plupart des églises construites dans presque toutes les paroisses de la Ville de Montréal et ailleurs au Québec. L’État n’avait pas de grands projets picturaux pour ses édifices et la photographie s’imposait par sa qualité et ses prix beaucoup plus bas que ceux de la peinture. Émile Vézina, actif surtout de 1900 à 1940, vit donc à une époque de grand changement techniquela photographie – et d’absence de demandes pour la peinture monumentale de même que pour le portrait. En plus, la Première guerre mondiale de 1914-1918 ainsi que la Dépression de 1929-38 firent passer l’art et la littérature loin après l’effort de guerre ainsi que la satisfaction des besoins élémentaires que sont la nourriture, le logement et l’habillement surtout dans une région aux climats extrêmes comme la Province de Québec.

Au printemps 2019, nous avons obtenu les documents qui prouvent que la dépouille d’Émile Vézina a été mise en terre, en 1942, au Cimetière de Notre-Dame des Neiges, propriété de l’Oeuvre et Fabrique de Notre-Dame de Montréal.

par: Raymond Vézina # 138

(1) Raymond Vézina. Famille Joseph Vézina – Laura Giasson. Du 17ème siècle jusqu’à nos jours. Montréal, 2016, 510 pages. Référence: mpelletier@laplumedoie.com
(2) Albert Laberge. « Émile Vézina » dans Journalistes, écrivains et artistes, Montréal, Édition privée, 1945, 233 pages. Voir pp. 127-146.
(3) Albert Laberge. « Émile Vézina » dans Journalistes, écrivains et artistes, Montréal, 1945, p. 130.
(4) Entrevue de Pierre Lavigne, archiviste avec Raymond Vézina, École Polytechnique de Montréal, 15 septembre 2008. Nous avons examiné ensemble les trois portraits peints par Émile Vézina.
(5) Anonyme. « Télesphore-Damien Bouchard » dans Wikipedia, consulté en août 2008.
Télesphore-Damien Bouchard. Mémoires. Montréal, Beauchemin 1960. Trois tomes.
(6) Gaston Deschênes. Le Parlement de Québec, Québec, Éditions MultiMonde, 2005, p. 267.
(7) Une rue de Montréal porte son nom.
N.B.: Raymond Vézina, l’auteur de cette biographie, est le petit-cousin d’Émile Vézina.

 

Généalogie d’Émile Vézina

1 - Jacques Vézina marié (contrat de mariage) à Marie Boisdon le 10 juin 1640 à La Rochelle, France
2 - François Le puîné marié à Marie Clément le 10 avril 1679 à L’Ange-Gardien
3 - Pierre Vézina marié à Elisabeth Mathieu le 22 février 1710 à L’Ange-Gardien
4 - Michel-Basile Vézina marié à Marguerite Tremblay le 24 novembre 1760 à L’Ange-Gardien
5 - Augustin Vézina marié à Adelaïde Thibault le 18 octobre 1825 à Montmagny
6 - Étienne Vézina marié à Mathilde-Wilhelmine Fraser (1832 ou 1833-1891) le 8 août 1871 au Cap Saint-Ignace
7 – Émile Vézina (1876-1942)